Nathalie de Widerspach peint pour célébrer la vie. La vie dès sa genèse, contemplée dans le sommeil repus d'un nourrisson protégé par le cercle de bras maternels. La vie et sa fraîcheur, croquée dans l'innocence des traits encore ronds d'une fillette. La vie à son crépuscule, saisie dans l'attente patiente et amusée de sa grand-mère tendue vers un rayon de soleil de fin d'après-midi.

Dans sa série sur les sportifs, Nathalie de Widerspach entre en corps à corps avec ses toiles, immenses pour la plupart. Juchée sur un escabeau, elle taille à coups de pinceaux les muscles bandés d'athlètes, arrache le souffle de nageurs qu'elle transforme en monstres marins, capte la tension qui sculpte les corps magnifiés par l'effort. Puis, couches après couches, elle reprend toutes ces luttes, affine la violence de ses élans et la détaille au pinceau très fin pour en faire ressortir les nuances.

Insatiable, elle s'aventure aussi dans la nature où ses paysages peints comme des états d'âme flirtent avec l'abstrait, territoire qu'elle explore dans une autre série. Ses humeurs, à la lumière de Nicolas de Staël, s'y déclinent selon une palette plus sombre et sourde, où violence et rage s'unissent en ode à la générosite de la vie.

par Raphaëlle Picard